L'Apocalypse selon St Jean (texte complet) partie 2


Deuxième partie

L'AVENIR DU MONDE ET DE L'EGLISE
Vision générale d'introduction
La cour céleste


Après cela j'eus une vision : une trappe était ouverte dans le ciel, et la voix claironnante que j'avais entendu converser avec moi me disait : « Monte ici que je te montre ce qui doit arriver plus tard.» Je fus aussitôt ravi en extase : voici qu'au ciel un trône était disposé, sur lequel siégeait [un Etre] qui avait l'aspect de la pierre de jaspe et de sardoine ; un halo d'un ton d'émeraude nimbait le trône. A l'entour [s'alignaient] vingt quatre trônes sur lesquels siégeaient vingt quatre Vieillards drapés de manteaux blancs, la tête ceinte de couronnes d'or. Du trône s'échappaient des éclairs, des voix et des coups de tonnerre ; sept torches ardentes devant le trône étaient les Sept Esprits de Dieu. Devant le trône s'étendait une mer limpide comme du cristal ; face au trône et à l'entour se trouvaient quatre Animaux ayant des yeux partout, devant et derrière. Le premier Animal ressemblait à un lion, le second à un taureau, le troisième a figure humaine et le quatrième ressemblait à un aigle en plein vol. Ces animaux avaient chacun six ailes couvertes d'yeux à l'extérieur et à l'intérieur, et ils n'avaient cesse jour et nuit de dire : « Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu, le Dominateur, Celui qui était, qui est et qui doit revenir.» Et chaque fois que les Animaux rendaient gloire, honneur et action de grâce à Celui qui trône, à Celui qui vit pour les siècles des siècles, les vingt quatre Vieillards s'inclinaient bien bas devant Celui qui trône, devant Celui qui vit pour les siècles des siècles et déposaient leur couronne devant le trône en disant : "A toi, Seigneur, notre Dieu, reviennent la Gloire, l'honneur et la puissance, parce que c'est toi le Créateur de toutes choses : et c'est par ta volonté qu'elles arrivèrent à l'existence et furent créées".

L'Agneau rédempteur et le Livre scellé

J'aperçus alors à la droite de Celui qui trône un livre écrit en dedans et au verso, cacheté de sept sceaux, et je vis un ange vigoureux proclamer à haute voix : "Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en faire sauter les sceaux ?" Mais personne ne pouvait, ni au ciel, ni sur terre, ouvrir le livre et l'examiner. Alors je me mis à pleurer à chaudes larmes de ce qu'il ne se trouvait personne qui fût digne d'ouvrir le livre et de l'examiner. L'un des Vieillards me dit alors : "Ne pleure pas. Le lion de la tribu de Judas, le rejeton de David, a trouvé moyen d'ouvrir le livre aux sept sceaux".
J'aperçus alors au milieu du trône, des quatre Animaux et des Vieillards un Agneau debout, comme égorgé ; il avait sept cornes et sept yeux. ( Ce sont les Sept Esprits de Dieu, en mission par toute la terre ). Il vint prendre le livre de la droite de Celui qui trône. Quand il en eut pris possession, les quatre Animaux et les vingt quatre Vieillards s'inclinèrent bien bas devant l'Agneau ; ils tenaient chacun une cithare et des coupes d'or emplies de parfums (ce sont les prières des saints). Ils chantaient un chant nouveau : "Tu es digne, disaient-ils, de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux, parce qu'on t'a égorgé et que tu as racheté pour Dieu, au prix de ton sang, (des hommes) de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute race, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui règnent sur la terre".
Dans ma vision, j'entendis alors à l'entour du trône, des Animaux et des Vieillards, la voix d'une multitude d'anges au nombre de myriades de myriades et de milliers de milliers; ils disaient à haute voix : "Il est digne, l'Agneau égorgé, de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange". Et toutes les créatures qui se trouvent au ciel, sur terre, sous terre et sur mer et tout ce qu'ils contiennent, je les ai entendu dire : "A Celui qui trône et à l'Agneau, louange, honneur, gloire et domination pour les siècles des siècles". Les quatre Animaux dirent :
"Amen !" et les Vieillards de s'incliner et de se prosterner.

Première section de la partie prophétique
EXECUTION DES DECRETS DU LIVRE SUR L'ENSEMBLE DU MONDE
Ouverture du livre aux sept sceaux

Rupture des quatre premiers sceaux : les quatre Cavaliers.

Puis je vis l'Agneau ouvrir le premier sceau, et j'entendis l'un des quatre Animaux proférer comme un coup de tonnerre : "Viens". Je vis paraître alors un cheval blanc; son cavalier tenait un arc, on lui remit une couronne et il sortit en vainqueur pour vaincre encore.
Lorsqu'il ouvrit le deuxième sceau, j'entendis le deuxième Animal dire : "Viens"; il sortit un autre cheval, roux ; il fut donné à son cavalier d'ôter la paix de la terre, de façon qu'on s'entre-tuât ; et on lui remit une grande épée.
Lorsqu'il ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième Animal dire : "Viens"; je vis paraître un cheval noir , dont le cavalier portait une balance à la main, et j'entendis au milieu des quatre Animaux une sorte de voix proclamer : "Un denier la mesure de blé ! Un denier les trois mesures d'orge ! Quant à l'huile et au vin, épargnez les !"
Lorsqu'il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième Animal dire : "Viens"; et je vis paraître un cheval verdâtre, dont le cavalier s'appelle la Mort ; le séjour des morts l'accompagnait.
Il leur fut donné pouvoir sur le quart de la terre, pour occire par le glaive, la famine et la peste, et par les fauves.

Rupture du cinquième sceau : prière des Martyrs

Lorsqu'il ouvrit le cinquième sceau, j'aperçus au-dessous de l'autel les âmes des hommes immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage dont ils étaient dépositaires. Ils se mirent à réclamer à grands cris : "Jusques à quand toi, qui es pourtant le Maître, le Saint, le Véritable, resteras-tu sans faire justice et sans venger notre sang sur les habitants de la terre ? " On remit alors à chacun d'eux un vêtement blanc et on leur dit de prendre patience encore un peu, jusqu'à ce que leurs compagnons de service et leurs frères qui doivent être mis à mort tout comme eux se trouvent au complet.

Rupture du sixième sceau : deux tableaux antithétiques des résultats anticipés
du Jugement futur sur les ennemis de l'Agneau et sur les fidèles

Puis je vis l'Agneau ouvrir le sixième sceau ; survint alors un grand séisme, le soleil noircit comme tissu de crin, la lune entière devint rouge sang, et les étoiles du ciel se mirent à choir sur terre, comme les fruits verts que laisse tomber un figuier secoué par gros vent; le ciel se retira comme une bande de papyrus qu'on enroule, et toutes les montagnes et les îles furent délogées de leur cité. Alors les rois de la terre, les grands, les généraux, les riches, les puissants, tous, tant esclaves qu'hommes libres, s'allèrent cacher dans les grottes et les rochers des montagnes ; et de dire aux montagnes et aux rochers : "Tombez-nous dessus et dérobez-nous au visage de Celui qui trône et à la colère de l'Agneau, parce qu'est arrivé le grand jour de son courroux, et qui peut tenir bon ? "

Cela fait, j'ai vu quatre anges postés aux quatre coins de la terre ; ils domptaient les quatre vents de la terre pour que le vent ne soufflât ni sur terre, ni sur mer ni sur aucun arbre. Je vis encore un autre ange monter de l'Orient ; il tenait le sceau du Dieu vivant et se mit à crier d'une voix retentissante aux quatre anges autorisés à endommager la terre et la mer : "Ne touchez ni à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, que nous n'ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu".
J'entendis alors le dénombrement des gens marqués : cent quarante quatre mille marqués pour l'ensemble des tribus d'Israël ; de la tribu de Juda, douze mille marqués ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ; de la tribu d'Azer, douze mille ; de la tribu de Nephtali, douze mille ; de la tribu de Manassé, douze mille ; de la tribu de Siméon, douze mille ; de la tribu de Levi, douze mille ; de la tribu d'Issachar, douze mille, de la tribu de Zabulon, douze mille ; de la tribu de Joseph, douze mille, de la tribu de Benjamin, douze mille marqués.
Cela fait, je vis paraître une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues ; tout de blanc vêtus et des palmes à la main, ils se tenaient face au trône et à l'Agneau, ils acclamaient à haute voix : "Le salut est le fait de notre Dieu qui trône, et de l'Agneau". Tous les anges s'étaient disposés autour du trône, des Vieillards et des quatre Animaux ; ils s'inclinaient bien bas devant le trône et se prosternaient devant Dieu. "Amen, disaient-ils, louange, gloire, sagesse, remerciement, honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles des siècles. Amen".
Un des Vieillards prit alors la parole et me dit : "Ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils et d'où viennent-ils ? " "Monseigneur, fis-je, à toi de le savoir". Il reprit : "Ce sont les survivants de la grande détresse, ils ont lavé leurs vêtements et les ont blanchis dans le sang de l'Agneau. C'est pourquoi ils ont place devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple ; Celui qui trône les abritera sous sa tente ; ils n'auront plus ni faim ni soif, jamais plu le soleil ni la chaleur ne les accableront, parce que l'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les mènera aux sources d'eaux vives ; et Dieu essuiera les larmes de leurs yeux.

Rupture du dernier sceau

Lorsqu'il ouvrit enfin le septième sceau, il se fit au ciel un silence d'une demi-heure environ.

Vision des sept Trompettes

Je vis alors les sept anges en faction devant Dieu : on leur donna sept trompettes.
Survint un autre ange qui se plaça près de l'autel, un encensoir d'or à la main. On lui remit quantité de parfums à offrir, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui fait face au trône. Ainsi la fumée des parfums s'éleva avec les prières des saints, de la main de l'ange, en face de Dieu.
Cela fait, l'ange reprit l'encensoir, le remplit de braises de l'autel et les lança sur terre ; il en advint coups de tonnerre, voix, éclairs et séisme. Et les sept anges aux trompettes s'apprêtèrent à en sonner.

Les quatre premières trompettes

Le premier sonna de la trompette : une grêle de feu mêlé de sang se précipita sur le sol ; le tiers du sol brûla, ainsi que le tiers des arbres et toute plante verte.
Le deuxième ange sonna de la trompette : une sorte de grande montagne ardente se précipita dans la mer ; le tiers de la mer tourna en sang, le tiers des créatures marines animées mourut et le tiers des bateaux fut détruit.
Le troisième ange sonna de la trompette : il chut du ciel une grande étoile qui flambait comme une torche ; elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources. Cette étoile s'appelle "l'Absinthe".
Ainsi le tiers des eaux tourna en absinthe et bien des gens moururent d'avoir bu de ces eaux empoisonnées.
Le quatrième ange sonna de la trompette ; le tiers du soleil, de la lune et des étoiles furent frappés, si bien qu'ils s'obscurcirent d'un tiers, que le jour perdit autant de sa clarté et la nuit pareillement.

Proclamation des trois malheurs
Cinquième trompette, premier malheur : les sauterelles

A ce point de ma vision, j'entendis un aigle qui planait au zénith dire à haute voix : "Malheur ; Malheur ; Malheur aux habitants de la terre à cause des dernières sonneries de trompettes dont les trois anges vont sonner".

Là-dessus le cinquième ange sonna de la trompette. J'aperçus alors une étoile déchue du ciel vers la terre; on lui remit la clef du puits de l'abîme, elle l'ouvrit, et il s'éleva du puits une fumée comme celle d'une grande fournaise, au point que le soleil et l'air furent assombris. De cette fumée, des sauterelles s'échappèrent sur la terre. Elles étaient dotées d'un moyen d'action analogue à celui des scorpions terrestres ; seulement on leur enjoignit de ne s'en prendre ni à l'herbe, ni à la verdure, ni aux arbres, mais uniquement aux hommes qui ne portent pas au front le sceau divin.
Elles n'avaient du reste pas l'autorisation de les tuer, mais seulement de les tourmenter, cinq mois durant, d'un tourment pareil à celui d'une piqûre de scorpion. En ces jours, les hommes chercheront la mort sans la trouver, ils désireront mourir et la mort les fuira.
Ces espèces de sauterelles avaient l'air de chevaux harnachés pour la bataille, une sorte de couronne à reflets dorés leur casquait la tête, leur face était presque humaine, leur chevelure ressemblait à celle des femmes, leurs dents à celles des lions : leur thorax paraissait bardé de fer et le fruit de leurs ailes évoquait le fracas de la charge guerrière d'un nombreux escadron de chars.
Elles ont, comme les scorpions, la queue armée d'un aiguillon : c'est par là qu'elles peuvent nuire aux hommes, cinq mois durant.
Elles ont comme roi l'ange de l'abîme : il se nomme en hébreu Abbadon, et en grec Appollyôn.
Passé le premier Malheur, voici venir encore les deux autres.

Sixième trompette, deuxième malheur : la Cavalerie infernale

Le sixième ange sonna de la trompette. J'entendis alors une voix, issue des quatre coins de l'autel d'or situé devant Dieu, dire au sixième ange qui tenait la trompette : "Détache les quatre anges enchaînés au bord du grand fleuve Euphrate". On délia donc les quatre anges tenus en réserve pour le l'heure, jour, le mois et l'année du carnage du tiers de l'humanité... L'effectif de cette cavalerie se montait à deux cent millions : j'ai entendu ce nombre. Voici comment m'apparurent chevaux et cavaliers : ces derniers étaient cuirassés d'une flamme sulfureuse bleue ; les chevaux portaient crinière léonine et leurs naseaux crachaient du feu, fumée et souffre.
Le tiers de l'humanité fut massacré par les trois fléaux en question (feu, fumée, souffre) crachés par leurs naseaux. De fait, le pouvoir nocif des chevaux résidait aussi dans la queue : comme des serpents, elles avaient une tête dont ils se servaient pour nuire.
Quant aux survivants de ces fléaux, ils ne renoncèrent même pas à leur façon d'agir, ils ne cessèrent d'adorer les démons et les idoles d'or, d'argent, de bronze, de pierre et de bois, bien incapables de regarder, d'écouter ou de marcher ; ils ne regrettèrent pas non plus leurs meurtres, leurs maléfices, leurs débauches ni leurs vols.

Intermède du petit livre ouvert

Je vis alors un autre ange vigoureux descendre du ciel, enveloppé d'un nuage, la tête nimbée de l'arc-en-ciel, le visage radieux comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu. Il tenait à la main un petit livre ouvert. Il posa le pied droit sur la mer, le gauche sur le continent. Puis il se mit à crier à pleine voix comme rugit un lion. A son cri les sept Tonnerres firent gronder leur propre voix. Quand ils eurent fini de parler, je me disposais à en prendre note, lorsque j'entendis une voix céleste me dire : "Scelle ce qu'on dit les sept Tonnerres et ne l'écrit point".
Alors l'ange que j'apercevais campé sur la mer et le continent leva la main droite au ciel et fit serment par Celui qui vit pour les siècles des siècles, le Créateur du ciel, de la terre, de la mer et de leur contenu qu'il n'y aurait plus de délai, mais qu'aux jours où sonnerait la trompette du septième ange serait accompli le mystère de Dieu, selon la bonne nouvelle confiée à ses serviteurs les prophètes. Alors la voix céleste que j'avais entendue se reprit à converser avec moi : "Va, me dit-elle, prends dans la main de l'ange campé sur la mer et le continent le petit livre ouvert".
Je m'avançai donc vers l'ange et le priai de me remettre le petit livre. "Tiens, me dit-il, prends-le et mange-le ; seulement il te sera aigre aux entrailles, bien qu'à la bouche il doive t'être doux comme le miel. Je pris donc le petit livre de la main de l'ange et le mangeai ; effectivement dans ma bouche il avait la douceur du miel, mais quand je l'eus mangé il me fut aigre aux entrailles.
Puis on m'expliqua : "Tu devras prophétiser derechef sur bien des nations, des peuples, des langues et des rois".

Triomphe des Témoins du Christ

Alors on me donna un roseau en guise de bâton d'arpenteur, et l'on me dit : "Debout ! arpente le temple de Dieu et l'autel avec les adorateurs qu'il renferme ; mais le parvis extérieur du temple, laisse-le en dehors de l'espace arpenté : il est livré aux païens, qui vont fouler la ville sainte pendant quarante deux mois. Cependant je donnerai à mes Témoins de prophétiser, vêtus de bure, douze cent soixante jours". C'est eux les deux oliviers et les deux chandeliers dressés en présence du Seigneur de la terre. Veut-on leur faire du tort, un éclair jaillit de leur bouche et consume leurs ennemis : qui tient à leur nuire n'a plus qu'à périr ainsi. Ces hommes ont le pouvoir de fermer le ciel pour qu'il ne pleuve pas durant leur activité prophétique ; ils peuvent aussi tourner les eaux en sang et frapper à leur gré la terre de toutes sortes de fléaux. Pourtant, lorsqu'ils auront déposé intégralement leur témoignage, la Bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera : leurs cadavres [de trainer] dans la rue de la grande ville, appelée au sens spirituel Sodome et Egypte, là même où le Seigneur a été mis en croix : de diverses nations, tribus, langues et peuples on viendra les voir pendant trois jours et demi, sans permettre de les déposer au tombeau.
Les habitants de la terre seront en liesse à leur propos et se féliciteront ; ils échangeront même des cadeaux, parce que ces deux prophètes avaient fait leur tourment.
Mais au bout de trois jours et demi un souffle de vie émané de Dieu les pénétra, ils se remirent sur pied, et une grande terreur fondit sur ceux qui les regardaient. Ils entendirent une forte voix céleste leur dire : "Montez ici ! ". Ils montèrent alors au ciel dans la nuée, sous les yeux de leurs ennemis. A ce moment se produisit une forte secousse, le dixième de la ville croula, sept mille personnes furent tuées au cours du séisme ; les autres, saisis d'effroi, rendirent hommage au Dieu du ciel. Passé le deuxième Malheur, voici venir promptement le troisième.

Dernière trompette. L'achèvement

Le septième ange enfin sonna de la trompette. De fortes voix alors retentirent au ciel : "L'empire de notre Seigneur et de son Christ est établi sur le monde, disaient-elles; il régnera pour les siècles des siècles". Là-dessus, les vingt quatre Vieillards qui trônent devant Dieu inclinèrent bien bas leurs visages et se prosternèrent devant lui en disant : "Nous te remercions, Seigneur, Dieu Dominateur, qui est et qui était, d'avoir assumé la plénitude de ta puissance royale. Sans doute les païens s'étaient irrités, mais ton courroux survint avec le moment de juger les morts, pour récompenser tes serviteurs, les prophètes, les saints et ceux qui révèrent ton nom, petits et grands, et pour exterminer ceux qui ont corrompu la terre".
Le temple céleste de Dieu s'ouvrit alors, on aperçut à l'intérieur l'arche de son alliance, et il se produisit des éclairs, des voix, des coups de tonnerre, un séisme et une forte grêle.

Deuxième section de la partie prophétique
EXECUTION DES DECRETS DU PETIT LIVRE OUVERT TOUCHANT LES RAPPORTS
DE L'EGLISE ET DE L'EMPIRE

La Dame et le Dragon

Ensuite parut un grand météore : une Dame enveloppée dans le soleil, la lune sous les pieds, la tête couronnée de douze étoiles. Elle était enceinte et criait dans les douleurs et le travail de l'enfantement. Puis un second météore : un grand dragon roux, à sept têtes et dix cornes, et sur les sept têtes, sept diadèmes. Il balayait de la queue le tiers des étoiles, et les précipita sur terre. Ce dragon se posta devant la Dame prête à enfanter, pour dévorer son enfant dès qu'elle l'aurait mis au monde. Or elle enfanta un fils, un mâle, Celui qui doit mener à la baguette de fer toutes les nations païennes. Mais son enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône. La Dame alors fuit au désert, où elle a sa retraite ménagée par Dieu, pour y être nourrie douze cent soixante jours.
Il y avait eu guerre dans le ciel : Michel et ses anges avaient eu à batailler avec le Dragon ; le Dragon et ses anges avaient engagé le combat, mais sans avoir le dessus ; il n'y eut plus place pour eux dans le ciel. Ainsi fut culbuté le grand Dragon, le Serpent primitif, appelé Diable et Satan, le séducteur du monde entier : il fut précipité sur terre, et ses anges avec lui.
J'entendis alors une forte voix céleste dire : "Maintenant sont arrivés le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, ainsi que l'autorité de son Christ, puisqu'on a jeté bas l'accusateur, qui accusait jour et nuit nos frères devant notre Dieu. Mais ils l'ont vaincu en vertu du sang de l'Agneau et de leur éloquent témoignage : ils ont méprisés la vie jusqu'à accepter la mort.
Partant, réjouissez-vous, cieux et vous qui en habitez les tentes ; mais gare à la terre et à la mer, parce que le Diable est descendu parmi vous, agité d'une terrible rage, sachant bien que le temps lui est étroitement compté.
Quand il se vit jeté sur terre, le Dragon se mit à la poursuite de la Dame qui avait enfanté le Mâle. Mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert, jusqu'à la retraite ou elle est nourrie un temps, deux temps et un demi-temps, hors de la portée de la tête du Serpent.
Le Serpent alors de cracher contre la Dame un torrent d'eau pour la noyer. Mais la terre secourut la Dame en ouvrant la bouche pour absorber le torrent vomi par le Dragon. Celui-ci alors, de fureur, s'en alla faire la guerre au reste de sa descendance, les observateurs des ordres de Dieu et les dépositaires du témoignage de Jésus.
Il s'établit enfin sur la plage.

Les Forces en présence
Les deux Bêtes

Je vis alors monter de la mer une Bête à dix cornes et sept têtes ; elle portait sur les cornes dix diadèmes et, sur les têtes, des titres blasphématoires. Elle avait l'allure d'une panthère, les pattes d'un ours et la gueule d'un lion, le Dragon lui conféra sa puissance, son trône et une grande autorité.
L'une de ses têtes, pourtant, paraissait égorgée à mort, mais la plaie mortelle était guérie. Là-dessus, tout le monde de se pâmer d'admiration à la suite de la Bête, et de se prosterner devant le Dragon parce qu'il avait conféré son prestige à la Bête, et de se prosterner devant la Bête en disant : "Qui pourrait se mesurer à la Bête et batailler avec elle ? ". On lui accorda la faculté de proférer des paroles arrogantes et blasphématoires et de sévir quarante deux mois.
Elle ouvrit donc sa bouche pour blasphémer contre Dieu, blasphémer son nom et sa tente (ceux qui ont leur tente au ciel). Elle put guerroyer avec les saints et l'emporter ; elle reçu autorité sur toute tribu, peuple, langue et nation, au point que tous les habitants de la terre l'adoreront ; leur nom n'est pas inscrit depuis la fondation du monde dans le Livre de vie de l'Agneau égorgé.
A bon entendeur d'écouter ! Qui cherche à faire des prisonniers, s'en va en captivité ; qui tuera par l'épée doit être tué par l'épée ! C'est l'occasion pour l'endurance et la confiance des saints !
Je vis ensuite une autre Bête monter de la terre ; elle avait deux cornes, comme un agneau, mais elle parlait à la Dragonne. Tout le prestige de la première Bête, elle le déployait sous sa surveillance : elle amenait la terre et ses habitants à adorer la première Bête (celle dont la plaie mortelle était guérie) ; elle opérait de grands prestiges, au point de faire tomber la foudre sous les yeux des hommes. Au moyen des prodiges qu‘elle pouvait opérer sous la surveillance de la Bête, elle séduisait les habitants de la terre en leur suggérant de dresser une statue à la Bête qui avait survécu au coup d‘épée. Il lui fut même concédé d‘animer la statue de la Bête, au point
qu‘elle en arrive à parler et à faire mettre à mort quiconque refuse de se prosterner devant elle.
Elle arrivait à ce que tout le monde, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, se marquât la main droite ou le front, de façon que personne ne pût acheter ou vendre sans être marqué du nom de la Bête, ou du chiffre de son nom. C‘est le moment d‘être habile ! Aux gens avisés de calculer le chiffre de la Bête ! car c‘est le chiffre d‘un homme, et ce chiffre est six cent soixante six.

L'Agneau et ses élus

J'eus encore une vision : l'Agneau debout sur le mont Sion, et près de lui cent quarante quatre mille personnes qui portaient son nom et celui de son Père, écrits sur le front. J'entendais cependant un choeur céleste comparable au fracas des grandes eaux et aux grondements puissants du tonnerre, mais également à un choeur de citharèdes s'accompagnant de la cithare. Ils chantaient comme un chant nouveau devant le trône, les quatre Animaux et les Vieillards. Personne ne pouvait apprendre ce chant, si ce n'est les cent quarante quatre milliers rachetés de la terre, pour ne s’être pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges ; ils forment la suite de l’Agneau partout où il va ; ils ont été rachetés d’entre les hommes, comme primeurs offertes à Dieu et à l’Agneau ; dans leur bouche ne s’est point trouvé de mensonge, ils sont irréprochables.

Préparatifs de la lutte
Trois anges prédisent la victoire

Je vis alors un autre ange voler au zénith, porteur d'une bonne nouvelle éternelle destinée à ceux qui résident sur terre, à toute nation, tribu, langue et peuple : il disait à haute voix : "Craignez Dieu et rendez lui gloire, parce qu'a sonné l'heure ou il doit juger ; prosternez-vous devant l'autel du ciel et de la terre, de la mer et de ses sources".
Un deuxième ange le suivit et dit : "Elle est tombée, elle est tombée Babylone la grande, pour avoir abreuvé toutes les nations du vin de son dévergondage effréné".
Un troisième ange les suivit et dit à haute voix : "Celui qui adore la Bête et sa statue , et en accepte la marque sur le front ou sur la main boira lui aussi du vin de l'indignation de Dieu, versé pur dans le calice de sa colère ; il sera tourmenté dans le feu de souffre, sous les yeux d'anges saints et de l'Agneau ; la fumée de leur tourment ne cessera de s'élever pour les siècles des siècles, sans que les adorateurs de la Bête et de sa statue et quiconque reçoit l'empreinte de son nom aient de répit ni jour ni nuit".
C'est le moment de faire appel à l'endurance des saints, fidèles aux ordres de Dieu et à la foi de Jésus. J'entendis même une voix céleste me dire : "Note : Heureux les morts qui meurent désormais dans le Seigneur. Oui, dit l'Esprit, qu'ils se reposent de leurs travaux car leurs actes les suivent".

Vision anticipée du double jugement

J'eus encore une vision : un nuage blanc sur lequel siégeait comme un Fils d'Homme, la tête ceinte d'une couronne d'or et une faucille affilée à la main. Un autre ange sortit du temple et cria d'une voix sonore à celui qui siégeait sur le nuage : "Faites aller votre faucille et moissonnez, le moment est venu, la moisson terrestre est mûre". L'être assis sur le nuage fit alors passer sa faucille sur terre, et la terre fut moissonnée.
Puis un autre ange, qui tenait pareillement une faucille affilée, sortit du temple céleste. Un autre encore, le préposé au feu, quitta l'autel et interpella bien haut celui qui tenait la faucille affilée : "Faites aller votre faucille affilée, disait-il, et vendangez les grappes de la vigne terrestre : les raisins sont mûrs". L'ange fit alors passer sa faucille sur terre, vendangea la vigne terrestre et mit le raisin dans la grande cuve de l'indignation de Dieu. On la foula hors de la ville et il en sortit du sang jusqu'au niveau du mors des chevaux sur une distance de seize cent stades.



Partie 1
Partie 3

Illustration © http://www.crc-resurrection.org/

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